Le marché transatlantique est la répétition, à une échelle élargie, du marché commun européen. Le principe de base est donc simple : faciliter au maximum la libre-circulation des biens, des services et des capitaux.

Petit voyage dans le temps

C’est en 1986 (avec notamment Margareth Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne) que l’Union européenne décide de mettre en place un marché reposant sur la libre-circulation des biens, des services et des entreprises marchandes. Pour cela, l’Union européenne uniformise toutes les législations marchandes et décide que le marché reposera sur le principe de la compétitivité. Par contre, les législations protégeant les populations (le social et le fiscal, notamment) sont maintenues à l’échelle nationale, et donc mises en concurrence les unes avec les autres.

Entré en vigueur en 1993, le marché unique européen fut très vite complété par : 

  • la libre-circulation des capitaux (dans et hors de l’Europe)
  • la mise en place de l’Euro, monnaie unique gérée par une Banque centrale n’ayant aucun compte à rendre sur sa politique (politique qui a pourtant des conséquences concrètes et considérables sur l’économie, le social… bref, la vie quotidienne des citoyens). 

Conséquences ?

Censé favoriser la libre-concurrence, le marché européen a surtout permis des fusions/acquisitions d’entreprises avec pour conséquences majeures :

  1. le recours accru à l’investissement boursier et la prise de contrôle des entreprises par les marchés financiers ;
  2. une rentabilité toujours plus élevée exigée par les actionnaires, rentabilité qui se fera principalement sur le dos des travailleurs (licenciements, pression à la baisse sur les salaires et conditions de travail, emploi précaire…)
  3. la prise de contrôle d’une multitude de PME par des multinationales que ce soit de façon directe (fusion, rachat) ou indirecte (recours à la sous-traitance, imposition de conditions favorables aux grandes entreprises grâce à un rapport de forces déséquilibré…)
  4. la montée en puissance de firmes privées devenant de plus en plus puissantes face aux Etats : ainsi, Chevron est plus riche que le Portugal, Walt-Mart et Exxon plus riches que la Grèce ou le Danemark… 

Résultat ? Les grosses entreprises s’enrichissent toujours plus et la financiarisation de l’économie progresse. Après avoir pris le contrôle d’un nombre toujours croissant de secteurs industriels, les marchés financiers étendent maintenant leur influence au monde politique : aucune décision contraire à leur volonté ne peut plus être prise. Pas de doute, le marché européen et le marché transatlantique continuent de renforcer le capitalisme… 

Pour en savoir plus

Michel Beaud« Histoire du capitalisme (de 1500 à nos jours) », Editions du Seuil (collection Points).