Le marché transatlantique s’inscrit pleinement dans la logique de compétitivité : aucune règle, institution ou loi ne devrait venir entraver la bonne marche du marché et de la concurrence. Mais, dans les faits, les choses ne sont pas si simples. Et cette logique de « loi de la jungle » a des conséquences sociales désastreuses !

  • Alors qu’il prétend renforcer la concurrence entre les entreprises, le marché transatlantique accentue surtout les inégalités en permettant aux plus puissantes de racheter les plus petites. Ceci leur offre dès lors un contrôle d’une partie toujours plus grande de l’activité marchande, ce qui favorise la sous-traitance et diminue le nombre de petites entreprises réellement indépendantes.
  • Pour les travailleurs, la compétitivité signifie surtout pression à la baisse sur les salaires et dégradation des conditions de travail. En effet, les entreprises peuvent recourir au chantage à la délocalisation et bénéficient trop souvent du soutien des autorités pour précariser les conditions de travail. Ainsi, dans son Livre Vert « Moderniser le droit du travail pour relever les défis du XXIème siècle », la Commission européenne considère que :
    • « Des clauses et des conditions de travail trop protectrices peuvent […] décourager les employeurs de recruter pendant les périodes de reprise économique » ;
    • Par contre, « Les contrats à durée déterminée, les contrats à temps partiel, les contrats de travail intermittent, les contrats «zéro heure», les contrats proposés aux travailleurs recrutés par des agences d'intérim, les contrats proposés aux travailleurs indépendants, etc. » sont autant de contrats qui « permettent aux entreprises de s'adapter rapidement à l'évolution des choix des consommateurs et des technologies ».
  • Evidemment, les Etats et les entreprises savent qu’ils doivent contraindre, d’une manière ou d’une autre, les travailleurs à accepter ces contrats précaires, ces conditions de travail dégradées, ces salaires trop bas… C’est pourquoi des politiques « d’activation » des chômeurs et des allocataires sociaux sont mises en place : à défaut d’accepter n’importe quel boulot, les allocations sociales sont tout simplement supprimées. En précarisant les chômeurs, ce sont les conditions de travail et les salaires de tous les travailleurs qu’on tire vers le bas.

Conséquences ?

Le marché transatlantique ne fera qu’accentuer l’hégémonie des multinationales et la précarisation de l’emploi observée actuellement dans nos pays (conditions de travail dégradées, obligation d’accepter n’importe quel job, salaires moins élevés, travail plus stressant, avenir d’emploi incertain, multiplication des sous-statuts…).

Pour en savoir plus

R. Cherenti & B. Poncelet« Le grand marché transatlantique », Editions Bruno Leprince, 2011.