Le marché transatlantique se construit essentiellement pour les multinationales et à leur demande… au détriment des citoyens !
Les multinationales supportent mal d’avoir face à elle des nations avec des institutions spécifiques, des législations différentes et des règles distinctes de fonctionnement. Toutes ces « différences » constituent, à leurs yeux, un frein sérieux à leur développement.
Pour ces entreprises, l’idéal serait que les différents marchés s’adaptent à leurs besoins, autrement dit que les responsables politiques créent une zone – la plus vaste possible ! – de libre-circulation des biens, marchandises et investissements…
Avec le marché transatlantique, les multinationales sont servies sur un plateau d’argent : le marché, en devenant une structure homogène, s’adapte à leurs exigences. Cela va même plus loin, le marché se construit en fonction des valeurs des multinationales : profit à court terme, propriété privée, concurrence, flexibilité, marchandisation de tous les secteurs de la vie… écrasant d’autres valeurs comme l’intérêt général, la solidarité, le bien-être…
Ajoutons à cela que tous les lieux de décision politique sont phagocytés par les lobbys des multinationales au détriment des citoyens et de leurs représentants démocratiques. La démocratie – le pouvoir par le peuple et ses représentants – cède sa place à la lobbycratie – le pouvoir des entreprises et de leurs intérêts - avec toutes les conséquences qui en découlent : réduction des salaires, flexibilisation du travail, réduction d’impôts pour les sociétés, détricotage de la sécurité sociale, contrôle des populations par des lois ultra-sécuritaires, destruction de l’environnement…
Certaines règles transatlantiques, mises en place ou en passe de l’être, sont prises sur base d’accords de « reconnaissance mutuelle » et ne passent donc plus par le législateur, c’est-à-dire les représentants des citoyens. Tous ces accords vont vers une harmonisation au seul profit des multinationales et concernent uniquement les domaines utiles à leur développement et leur enrichissement : droit de la propriété privée, législations sécuritaires, harmonisation des normes comptables, disparition des barrières techniques ou douanières, spéculation financière sans entraves… Par contre, aucune harmonisation n’est prévue pour les règles protégeant la population et les travailleurs comme la législation sociale ou les législations protectrices de l’environnement. Toute harmonisation dans ces domaines s’envisage uniquement vers le bas.
Conclusion ? Multinationales : 1 – Citoyens : 0
Pour aller plus loin
Marie-Monique Robin, « Le monde selon Monsanto : de la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien. », co-édition La Découverte – Arte, 2008.
Naomi Klein, « La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre », Actes Sud, 2008