Janvier… La période des vœux et des bonnes résolutions. L’occasion de revenir sur la situation sociale et environnementale d’une planète qui ne va décidément pas bien. Mais aussi de proposer plusieurs raisons d’espérer et des pistes concrètes pour se mobiliser : une pétition contre les tribunaux d’arbitrage et un Appel aux citoyens et aux élus. Deux textes à découvrir, soutenir et diffuser !
Petit tour à bord du Titanic
Chaque année, c’est la même rengaine : après les rétrospectives de décembre et les réveillons de fin d’année, on prend ses bonnes résolutions pour les douze mois à venir tout en souhaitant une bonne et merveilleuse année à toutes celles et tous ceux qui croisent notre chemin.
Mais bon, qui croit encore qu’une année peut nous tomber toute belle dans les bras sans qu’on ait à bouger le petit doigt ? Sauf à être heureux sans se soucier des autres, force est de constater que nous vivons dans des sociétés qui ont tout du Titanic avant qu’il sombre au fond des flots…
Commençons par le plus frappant : sur le navire nommé Terre, une infime minorité de nantis s’accapare de plus en plus de richesses. Ainsi, en 2018, 26 personnes - oui, vous avez bien lu : 26 personnes ! - possèdent autant d’argent que la moitié de l’humanité (soit environ 3,6 milliards de personnes). Jamais, dans toute l’histoire humaine, de tels écarts entre les plus riches et les plus pauvres n’ont existé. Et le fossé se creuse davantage chaque année. La raison est simple : sous prétexte de créer des emplois de plus en plus mal payés, le monde politique détricote une à une les politiques de solidarité et les législations sociales qui avaient permis, au sein de nos sociétés, un certain partage des richesses favorables aux classes moyennes. Les grands gagnants de cette foire à l’égoïsme austéritaire ne sont ni les indépendants ni les PME (comme on tente trop souvent de le faire croire), mais bien de puissants empires marchands qui font du profit comme les rois d’antan faisaient la guerre : en ne laissant dans leur sillage qu’un sol stérile et des humains en proie au désespoir.
Les sols stériles, parlons-en : la Terre se réchauffe, et les drames que cela provoque se multiplient déjà. A l’automne dernier, un feu de forêt d’une ampleur exceptionnelle a ainsi rayé de la carte… une ville de 26.000 habitants ! Notons que cela ne se passait pas dans un pays pauvre ou au fin fond du Tiers-Monde, mais bien au cœur du pays actuellement le plus puissant de la planète : les Etats-Unis (plus exactement en Californie). Ajoutons que ce drame aujourd’hui qualifié d’exceptionnel n’est qu’un modeste crachin, un tout petit début, face à l’ampleur des "soucis" environnementaux qui nous attendent dans le futur. Car les scientifiques sont formels : faute de changer de cap, nous fonçons à toute allure sur des récifs qui vont faire périr des millions de personnes, et appauvrir dramatiquement la vie de TOUS les humains sur Terre (y compris celles et ceux à qui on souhaite une « bonne année » avec entrain). De l’épuisement des ressources naturelles à la montée des océans, de sécheresses en inondations « exceptionnelles » (un qualificatif appelé à devenir « banal » et « normal » dans le futur), les mutations que nous imposons à la Terre ne vont faire du bien à personne. Pas même aux individus les plus riches de la planète, même si - bien sûr - ceux-là ne payeront l’addition de leurs "bêtises" qu’en tout dernier, bien après avoir noyé les 150 millions d’habitants du Bangladesh sous la montée des eaux et le monde entier sous des montagnes de déchets…
Petit tour de ce qui va bien
Certes, tout n’est pas sombre : un peu partout, les prises de conscience, les cris de révolte et les alternatives se multiplient. L’automne 2018 a ainsi vu fleurir la colère des Gilets Jaunes opposés (par-delà leurs divergences) à une pauvreté galopante. L’Union européenne veut interdire certains plastiques jetables (comme les pailles ou les coton-tiges). Le commerce équitable, les circuits courts de production et les documentaires intelligents (sur l’état de la planète ou les ravages provoqués par les multinationales) prolifèrent sur nos écrans. Enfin, chaque jeudi, des milliers de jeunes montrent qu’ils ont autre chose en tête que les réseaux sociaux et brossent l’école au nom de leur Avenir : car à quoi bon étudier dans un monde où les écosystèmes - source ultime de toute vie - partent en vrille ?
Bien sûr, on doit se réjouir de ces prises de conscience, sans toutefois être naïf au point de croire qu’on serait sur le bon chemin. Car celles et ceux qui tiennent la barre de nos sociétés et pilotent le navire n’ont pas changé d’un iota le cap qu’ils nous imposent depuis des décennies : enrichir les empires marchands et leurs actionnaires milliardaires… Et qu’importe si un écocide ravage le monde, exterminant sans pitié nos voisins de planète que sont les végétaux et les animaux sauvages dont la disparition va en s’accélérant, au point de provoquer une extermination massive d’espèces comme il n’en s’en était plus produite… depuis 65 millions d’années !
Écologiquement, démocratiquement, socialement : l’heure est grave. Si nous voulons vraiment voir les gens qu’on aime passer de belles années et décennies dans le futur, il est grand temps d’imposer un changement de cap radical aux élites qui manœuvrent le navire de nos sociétés. Non pas en criant « tous pourris ! », non pas en prenant pour boucs-émissaires d’autres victimes de la mondialisation infernale (comme les migrants), non pas en plaçant au pouvoir des gens qui manipulent nos révoltes et nos peurs légitimes pour imposer haines, rejets et discriminations de toutes sortes.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’être nombreux à frapper en même temps au bon endroit. Car être mécontent ou révolté ne suffit pas, encore faut-il viser les bonnes cibles ! Et parmi les politiques les plus détestables du moment, figurent assurément les accords de libre-échange qui organisent un shopping législatif permanent en faveur des multinationales. Lesquelles se voient autorisées, par les gouvernements, à mettre en concurrence ces mêmes gouvernements désireux d’attirer des investisseurs sur leur territoire, quitte à démanteler au passage les législations démocratiques, environnementales et sociales qui nous permettraient d’avancer dans la bonne direction. Les nombreux reculs sociaux et l’inertie politique en matière de réchauffement climatique s’expliquent, en grande partie, par cet avilissement des états et des gouvernements face au bon vouloir d’empires marchands aussi puissants que richissimes.
Que faire, concrètement ?
Alors, vient l’inévitable question : que faire, concrètement ?
Premièrement, vous pouvez signer la nouvelle pétition européenne s’opposant aux tribunaux d’arbitrage qui autorisent les multinationales à réclamer l’argent de nos impôts (à coups de millions d’euros !) dès lors qu’un gouvernement leur impose des obligations démocratiques… contraires aux traités de libre-échange shopping législatif.
Deuxièmement, vous pouvez vous informer davantage en allant consulter l’Appel aux citoyens et aux élus co-signé par de nombreuses organisations. Un appel qui vous donne des nouvelles fraîches sur ce dossier… qui est en train de bouger, et continuera à le faire dans les mois à venir.
Troisièmement, vous pouvez relayer cette Newsletter ou l’Appel aux citoyens et aux élus auprès de vos proches et ami(e)s qui voudraient que le monde bouge dans une autre direction.
Enfin, sachez qu’on aura besoin de votre enthousiasme et de vos pieds militants parcourant les rues pour manifester dans les mois à venir. Car le monde politique ne changera pas tout seul de direction : faute d’une opposition massive de l’opinion publique, la même soupe politique continuera à être servie aux mêmes empires marchands qui pousseront toujours plus loin leurs attaques contre les politiques de solidarité et freineront des quatre fers pour empêcher toute mesure ambitieuse contre le réchauffement climatique ou le pillage de la planète.
En espérant vous voir nombreuses et nombreux à militer à nos côtés, car le bras de fer nous opposant à des politiques archaïques et dépassées est loin, très loin d’être terminé !